vendredi 29 novembre 2013

La punition de la mouche



Armoiries de Ràtot
Une réunion importante se tenait à la Maison communale de Rátót1. Une mouche insolente ne cessait de se poser sur le nez du juge du village. Agacé, il se mit en colère, et les supérieurs hiérarchiques décidèrent de punir immédiatement la mouche. 

« Pendons-la! - proposa l'un. - Abattons-la! - cria un autre. - Jetons-la depuis la Tour! », conseilla un troisième. 

Ils attrapèrent la mouche, ils montèrent tous avec elle en haut de la tour et ils la jetèrent. La mouche s'envola et elle vit encore aujourd'hui si elle n'est pas morte entretemps. 


 1 Village du comitat de Vas en Hongrie

vendredi 22 novembre 2013

Le père adoptif

Tableau de Cecilia Papp 


Il était une fois trois frères. Ils étaient orphelins, ils avaient perdu leur père et leur mère depuis longtemps. Ils n'avaient rien, ni une maison, ni un lopin de terre. Un jour, ils décidèrent de partir travailler comme serviteurs. Sur le chemin, un vieil homme avec une barbe blanche, arriva en face d'eux:

«Où allez-vous, mes enfants?» demanda-t-il.
«Nous partons chercher quelqu'un qui nous prendrait à son service», répondirent-ils.
«Pourquoi? Vous-mêmes, vous n'avez pas de terre à cultiver?» demanda le vieil homme.
«Non, nous n'avons rien. Mais si un brave homme nous engageait, nous serions ses fidèles serviteurs. Nous serions très obéissants, nous le respecterions comme s'il était notre propre père» répondirent-ils.

Le vieil homme dit:

«D'accord. Si cela vous convient, soyez mes fils, et moi, je serai votre père. Si vous m'obéissez, je ferai de vous des hommes, je vous apprendrai à vivre afin que vous soyez toujours fidèles à la justice.»

Les trois frères acceptèrent la proposition du vieil homme et ils partirent tous ensemble. Ils allèrent par monts et par vaux quand ils aperçurent une petite maison blanche dans une clairière. De jolies fleurs et des cerisiers entouraient la petite maison. Une jeune fille sortit de la maison. Elle était belle comme une rose. Le frère aîné lui jeta un coup d'oeil et dit:

«Oh, si seulement je pouvais épouser cette belle fille et j'avais beaucoup de boeufs et de vaches!»

Le vieil homme répondit vivement:

«D'accord, mon fils. Donnons un grand repas de noces! Tu auras la fille et tu auras des boeufs et des vaches aussi. Sois heureux mais n'oublie jamais la justice!»

Le frère aîné demanda la fille en mariage et ils donnèrent un grand repas de noces. L'aîné devint le maître de la maison. Il resta là à cultiver la terre et à gérer la propriété.
Le vieil homme continua son chemin avec les deux autres frères. Ils arrivèrent de nouveau devant une belle maison. Près d'elle, se trouvaient un moulin et un petit étang. Une belle fille s'activait dans le jardin. Le frère cadet lui jeta un coup d'oeil et dit:

«Pourvu que je puisse épouser cette jeune fille! J'aurais de plus, un moulin et un étang. Je ferai du pain moi-même jusqu'à la fin de ma vie!»

Le vieil homme répondit vivement:

«D'accord, mon fils. Comme tu veux!»

Ils entrèrent dans la maison, demandèrent la fille en mariage. Ils donnèrent un grand banquet de noces. Avant de quitter les jeunes mariés, le vieil homme dit:

«Eh bien mon fils, sois heureux mais n'oublie pas la justice!»

Ils n'avaient plus qu'à continuer la route, le vieil homme et le benjamin. Ils marchèrent, cheminèrent jusqu'à ce qu'ils aperçoivent une petite maison en piteux état. Une très belle fille en sortit. Elle était aussi belle qu'une étoile mais aussi pauvre qu'un rat d'église. Le benjamin soupira ainsi:

«Si je pouvais l'épouser, nous travaillerions ensemble, nous aurions du pain, mais nous n'oublierions pas les pauvres gens: nous aurions de quoi manger, et nous leur en donnerions, à eux aussi.»

Le vieil homme répondit:

«Très bien, mon fils. Ce sera ainsi. Mais n'oublie jamais la justice!»

Le vieil homme maria le benjamin et il partit dans le vaste monde. Le temps passa. Les trois frères vivaient en paix. L'aîné devint si riche qu'il se fit construire plusieurs maisons, il mit de côté de grandes quantités de roubles et il n'avait qu'une idée en tête: comment en gagner plus. Il ne pensa jamais à aider les pauvres, il était trop avare pour cela. Le frère cadet s'enrichit également. Des valets de ferme travaillaient à sa place, il n'avait qu'à se  dorer au soleil, manger, boire et donner des ordres. Par contre, le benjamin partageait tout ce qu'il avait  avec les autres.

Le vieil homme alla dans plusieurs pays du monde. Un beau jour il revint pour voir comment vivaient ses fils et pour savoir s'ils restaient fidèles à la justice. Il alla chez son fils aîné vêtu comme un pauvre en guenilles. Quand il arriva, son fils se promenait dans la cour. Il s'inclina devant lui et dit:

«Aie pitié de moi, donne-moi l'aumône!
-Et quoi encore! Tu n'es pas encore si vieux, si tu veux, vas donc travailler. Moi-même je viens de m'en sortir ainsi!» répondit l'aîné ne reconnaissant pas son père adoptif.

Il avait bien des maisons en pierre, des meules, des silos à grains, des réserves pleines de bonne nourriture et évidemment, beaucoup d'argent... mais il ne lui fit pas la charité... le vieil homme s'en alla, il fit environ mille pas, il s'arrêta, regarda en arrière la maison et toute la propriété de son fils et tout s'enflamma.

Il alla chez son fils cadet. Il vit un beau moulin à côté d'un étang entouré d'une belle propriété. Son fils était assis dans le moulin. Le père s'inclina devant lui et dit:

«Donne-moi un peu de farine, je suis très pauvre, je n'ai rien à manger!»
«Désolé mais je n'ai même pas moulu pour mes propres besoins, donc encore moins pour toi. Beaucoup de gens dans ton genre passent par là!» répondit le jeune homme.
Le vieil homme sortit du moulin, s'éloigna un peu de la maison, puis il regarda en arrière et le moulin s'enflamma.

Il arriva chez son troisième fils qui vivait chichement. Sa maison était petite mais propre. En y arrivant, le père se transforma en un pauvre vieux en guenilles.

«Donnez-moi un bout de pain!» dit-il.
«Rentre dans la maison, tu y trouveras de quoi manger. Ma femme va même te préparer un casse-croute pour la route», répondit le jeune homme.

Il rentra dans la maison et quand la jeune femme vit ses vêtements miséreux, elle eut pitié de lui. Elle alla tout de suite lui chercher un pantalon et une chemise dans son débarras. Le vieil homme les mit aussitôt. Pendant qu'il se changeait, la jeune femme aperçut une plaie profonde sur sa poitrine. Le jeune couple fit asseoir le vieil homme à table, ils lui donnèrent à manger et à boire. Après le repas, le jeune homme s'adressa ainsi à son hôte:

«Dis-moi, vieil homme, d’où vient cette plaie sur ta poitrine?
-Malheureusement c’est une plaie qui mettra bientôt fin à ma vie. Je n’ai plus qu’un jour à vivre», répondit le vieux.
«Quelle mauvaise nouvelle! Et il n’existe aucun remède pour la soigner?» demanda la jeune femme.
«Si, il y en a un mais personne ne me le donne bien que n’importe qui puisse le faire.
-Pourquoi ne le ferait-on pas? Si vous connaissez le remède, dites-le nous!» insista le jeune homme.
«Ce remède est tel qu’il demande au propriétaire d’incendier tout ses biens et qu'ensuite il verse les cendres sur ma plaie pour la guérir. Mais crois-tu qu’il existe au monde quelqu’un qui serait capable de le faire?» répliqua le vieil homme.

Le jeune homme réfléchit longuement, puis il s’adressa à sa femme:

«Et toi ma femme, qu’en penses-tu?
-Je pense que nous pourrons acquérir une autre maison mais si cet homme meurt, il n’aura plus jamais une autre vie», répondit la jeune femme.
«D’accord! Si c’est ton avis, sors avec les enfants de la maison!» dit le mari.

Ainsi fut fait. Le jeune homme jeta un dernier regard sur sa maison qu’il regrettait beaucoup mais il avait plus de regret pour la vie du vieil homme. Il incendia sa maison qui brûla entièrement. Mais à sa place, une autre maison apparut, une belle et magnifique maison. Le vieil homme n'arrêtait pas de rire:

«Je vois mon fils qu’entre vous trois, c’est toi seul qui es resté fidèle à la justice. Sois heureux et réussis dans ta vie!»

Et c’est à ce moment-là que le jeune homme reconnut son père adoptif. Il alla vers lui mais il avait disparu et il ne trouva plus sa trace.


Conte ukrainien

vendredi 15 novembre 2013

Le foie de l’agneau

Tableau de Margit Sàpi


Jésus Christ était encore sur terre et traversait à pied un grand désert quand il aperçut un grand jeune homme avachi au bord de la route. Il lui demanda:

«Alors, que fais-tu ici?
-Rien, je me dore au soleil», répondit le jeune homme.
«-Ne serait-ce pas mieux si tu t’engageais quelque part comme serviteur?» lui demanda Jésus Christ.
«Je le ferais volontiers, mais personne ne veut de moi», répondit le jeune homme.
«Alors, moi, je t’engage», répondit Jésus Christ.

Après s'être longuement étiré, le jeune homme se leva et suivit Jésus Christ à pas lents. Quand celui-ci eut faim, il entra dans un hameau et acheta pour trois pièces d’argent un agneau à un berger. Ils continuèrent ensuite paisiblement leur chemin. Arrivant à la hauteur d'un grand arbre, ils s’y installèrent. Jésus Christ dit:

«Va dans le village mon garçon et demande un peu de sel et de paprika! Pendant ce temps, moi, je prépare la viande d’agneau.
-Je n’y vais pas! Je ne suis pas un mendiant!» répondit le jeune homme.
«D’accord, j’y vais moi-même. En attendant, écorche l’agneau et prépare un bon feu!» répondit Jésus Christ.

Ainsi fut fait. Jésus Christ alla dans le village. Pendant ce temps le jeune homme écorcha l’agneau, fit du feu, rôtit la viande et mangea le foie de l’agneau, quand Jésus Christ revint.

«Où est le foie?» demanda Jésus Christ quand il vit la viande de l’agneau.
«Quel foie? L’agneau n’a pas de foie!» répondit le jeune homme.
«Bien sûr qu’il en a un. Tous les animaux en ont un comme les êtres humains», répliqua Jésus Christ.
«Je sais quand même mieux que vous que l’agneau n’a pas de foie. Mon père, mon grand-père et tous mes ancêtres étaient bergers, je l’étais moi aussi jusqu’au jour où mon maître m'a chassé», répondit le jeune homme.

Ils discutèrent ainsi quand deux hommes s’approchèrent d’eux. D’après leurs vêtements, ils avaient l’air d’être bouchers. Jésus Christ les interpella:

«Il me semble que vous êtes bouchers. Je vous demande de nous rendre justice. Selon vous, l’agneau a-t-il un foie?
-Bien sûr qu’il en a un. Tous les animaux en ont un», répondirent-ils.

Mais ils donnèrent leur avis en vain, le jeune insista. Jésus Christ comprit que tout discours était inutile. Après avoir mangé l’agneau, ils continuèrent leur chemin. Ils marchèrent, cheminèrent jusqu’à ce qu’ils soient arrivés dans un village. Ils entendirent que la fille du seigneur du village était à l’article de la mort. Le seigneur avait fait venir des médecins des quatre coins du monde, mais ceux-ci ne pouvaient rien faire pour elle.

Jésus Christ alla voir le seigneur, il proposa de lui rendre service et de guérir sa fille. Il demanda que l'on construise rapidement une petite maison en brique sans porte et sans fenêtres et que l'on y installe un four et qu'il soit bien chaud. Quand la maison fut prête, Jésus Christ prit dans ses bras la malade et l’emmena dans la petite maison.
…et ô miracle… la maison sans porte et sans fenêtres s’ouvrit devant eux. Ils y entrèrent, le jeune homme les suivit. Alors Jésus Christ lui donna un sabre et lui dit:

«Coupe le cou de cette fille!
-Moi? Il n’y a pas d’assassin dans ma famille, je ne le serai pas, moi non plus», répondit le jeune homme.
«D’accord, je vais le faire moi-même», répondit Jésus Christ.

Ce qui fut fait. Il coupa le cou de la jeune fille, jeta son corps dans le four bien chaud et le laissa réduire en cendres. A ce moment-là, Jésus Christ prit une poignée de cendres de la région du cœur et dit:

«Lève-toi et marche!»

Aussitôt, les cendres s’animèrent, la fille se leva et marcha. Elle était plus belle que jamais. Le seigneur était très heureux et couvrit Jésus Christ de pièces d’or et d’argent. En voyant cela, le jeune homme dit:

«Je ne serai plus votre serviteur. Donnez-moi mon salaire et je vous quitte tout de suite.»

Il se dit qu’il saurait faire ce métier, lui aussi, ce qui lui permettrait de gagner beaucoup d’argent.

«D’accord, je te donne ce que je te dois, tu peux aller où tu veux. Mais avant, dis-moi où est passé le foie de l’agneau?» répondit Jésus Christ.
«-Je ne le sais pas. Je ne peux que répéter que l’agneau n’a pas de foie», insista le jeune homme.

Jésus Christ lui donna tout de même son salaire. Ils se quittèrent, l’un alla vers l’Est, l’autre vers l’Ouest. Le jeune était déjà dans un pays lointain quand il entendit que la fille du grand seigneur du village était très malade.

«Alors, je sais comment faire», se dit-il.

Il alla voir le grand seigneur, se présenta comme docteur étant capable de faire des miracles pour une belle somme. Ils se mirent d’accord pour trois cents pièces d’or. Lui aussi fit construire une petite maison sans porte et sans fenêtres avec un four à l'intérieur, mais il entra auparavant dans la maison avec la fille de peur que la porte ne s’ouvre pas devant eux. Quand la maison fut prête, le jeune homme coupa le cou de la fille, ensuite il la jeta dans le four bien chaud. Quand elle fut réduite en cendres, il sortit au hasard une poignée de cendres et dit:

«Lève-toi et marche!»

Mais elle ne se leva pas. Il redit la phrase dix fois, vingt fois, en vain. Le temps passa, une heure, deux heures, trois heures. Le père de la fille commença à s’inquiéter: avec sa femme et leurs proches, ils pénétrèrent dans la petite maison, mais ils ne trouvèrent pas trace de leur fille. Alors, ils saisirent le jeune homme, l’emmenèrent devant le tribunal qui le condamna tout de suite à mort. La nuit, on commença à monter la potence, et au petit matin le jeune homme fut emmené à la pendaison. La foule attendait impatiemment ce qui allait se passer. Le nœud était déjà autour de son cou quand le jeune vit Jésus Christ dans la foule. Il poussa alors un cri:

«Viens, aide-moi, sinon je serai pendu!»

Jésus Christ s’approcha, on lui raconta ce qui s’était passé et pourquoi le jeune homme allait être pendu.

«Laissez-le, ne le pendez pas! Je vais ressusciter la jeune fille», dit Jésus Christ.
Ainsi fut fait. Les gens suivirent Jésus Christ accompagné du jeune homme libéré. En cours de  route, Jésus Christ interrogea le jeune homme:

«Alors, je t’ai délivré de la mort, mais maintenant dis-moi ce qu'est devenu le foie de l’agneau!
-Dieu me vienne en aide, l’agneau n’a pas de foie!» répondit le jeune homme.

Jésus Christ ne le harcela plus de questions. Ils arrivèrent au four où Jésus Christ prit une poignée de cendres de la région du cœur de la fille et dit:

«Lève-toi et marche!»

Aussitôt, les cendres s’animèrent, la fille se leva et marcha. Elle était sept fois plus belle que jamais. Son père paya immédiatement les trois cents pièces d’or à Jésus Christ. Jésus prit l’argent, le déposa sur la table, et il se mit à le compter. Il divisa les pièces en trois parties. Le jeune homme lui demanda:

«Que fais-tu? Pourquoi divises-tu l’argent en trois puisque nous ne sommes que deux?
-Le premier tas est à moi parce que c’est moi qui ai guéri la jeune fille. Le deuxième tas est à toi parce que c’est toi qui as accepté de la guérir.
-Et le troisième tas?
-Le troisième sera à celui qui a mangé le foie de l’agneau.
-Dieu me vienne en aide, c’est moi qui l’ai mangé.
-Alors si c’était toi, les diables vont t’emporter», dit Jésus.
On ne sut pas d’où les diables sortirent à cet instant, mais ils étaient là. Ils mirent la main au collet du jeune homme et l'emportèrent à toute vitesse vers l’enfer. Personne ne le revit plus jamais.


Collecte d’Elek Benedek


vendredi 8 novembre 2013

Le demi-kreutzer de diamant du petit coq

Conte imaginé par Laura Liptàk (10ans) 
 Il était une fois une femme qui était bien pauvre. Elle avait un petit coq. Il picorait, il grattait sur le tas de fumier quand il trouva un demi-kreutzer de diamant. L’empereur turc passait par là, il vit le demi-kreutzer de diamant. Il dit au coq:

«Petit coq, donne-moi ton demi-kreutzer de diamant!
-Je ne te le donne pas parce que ma fermière en a besoin», répondit le petit coq.

Mais l’empereur turc eut recours à la force et il prit tout de même le demi-kreutzer. Il l’emporta avec lui, et il le mit dans sa chambre du trésor. Le petit coq se mit en colère, s’envola par dessus de la clôture et commença à crier:

«Cocorico, empereur turc, rends-moi mon demi-kreutzer de diamant!»

L’empereur turc, pour ne plus l’entendre, rentra dans sa maison. Le petit coq s’envola jusque sur le rebord de sa fenêtre et cria:

«Cocorico, Empereur turc, rends-moi mon demi-kreutzer de diamant!»

L’empereur turc se fâcha et dit à son serviteur:

«Va attraper ce petit coq pour qu’il cesse de crier et jette-le dans le puits!»

Ce fut ainsi. Mais le petit coq dit une fois dans le puits:

«Bois beaucoup d’eau, mon jabot! Bois beaucoup d’eau, mon jabot!»

Et son jabot absorba l’eau qui était dans le puits.
Le petit coq s’envola de nouveau sur le rebord de la fenêtre de l’empereur turc et dit:

«Cocorico, Empereur turc, rends-moi mon demi-kreutzer de diamant!»

L’empereur turc appela de nouveau son serviteur et lui dit:

«Attrape ce petit coq pour qu’il cesse de crier et jette-le dans le four bien chaud!»

Mais le petit coq dit dans le four:

«Mon jabot, fais sortir ton eau pour qu’elle puisse éteindre le feu! Mon jabot, fais sortir ton eau pour qu’elle puisse éteindre le feu!»

Ce fut ainsi. Le petit coq s’envola de nouveau sur le rebord de la fenêtre de l’empereur turc et dit:

«Cocorico, Empereur turc, rends-moi mon demi-kreutzer de diamant!»

L’empereur turc s’emporta davantage et dit à son serviteur:

«Mon serviteur, attrape ce petit coq, jette-le dans un nid de guêpes et laisse les guêpes le piquer!»

Le serviteur jeta dans le nid de guêpes le coq qui commença de nouveau à dire:

«Avale les guêpes mon jabot! Avale les guêpes mon jabot!»

Ce fut ainsi. Alors, le petit coq s’envola de nouveau sur le rebord de la fenêtre de l’empereur turc et dit:

«Cocorico, Empereur turc, rends-moi mon demi-kreutzer de diamant!»

L’empereur turc ne savait plus quoi faire. Il dit à son serviteur:

«Va chercher le petit coq afin que je puisse le mettre dans l’un des plis de mon ample pantalon!»

Le serviteur obéissant alla le chercher, et le mit dans l’un des plis du large pantalon de l’empereur. Mais le petit coq recommença à dire:

«Mon jabot, laisse sortir les guêpes afin qu’elles puissent piquer le derrière de l’empereur! Mon jabot, laisse sortir les guêpes afin qu’elles puissent piquer le derrière de l’empereur!»

Le jabot fit sortir toutes les guêpes, elles piquèrent bien fort le derrière de l’empereur qui bondit:

«Aïe! Aïe! Que le diable l’emporte, ce petit coq! Emmenez-le tout de suite dans ma chambre du trésor et laissez-le pour chercher son demi-kreutzer de diamant!»

Les serviteurs firent ainsi. Mais le petit coq dit dans la chambre du trésor:

«Avale tout l’argent mon jabot! Avale tout l’argent mon jabot!»

Et son jabot avala le contenu des trois coffres d’argent de l’empereur. Le petit coq rentra avec l’argent à la maison et donna tout à sa fermière qui devint riche. Elle vit encore aujourd’hui si elle n’est pas morte entre-temps.


vendredi 1 novembre 2013

Le combat de Ladislas contre Salomon




Source Wikipedia :Salomon sur le trône 
Le roi Salomon, avec l'aide de son beau-père, l'empereur d'Allemagne, entreprit une campagne contre Géza, Duc de Hongrie. Après cet échec, affligé, le roi Salomon se retira dans le château fort à Bratislava.

Mais il ne put pas vivre en paix ici non plus car le frère cadet de Géza, le Prince Ladislas prit le château fort d'assaut. Comme celui-ci était solide, le siège s'éternisa.
Pendant ce temps, les vaillants guerriers de Salomon sortaient souvent du château fort pour se battre contre les soldats de Ladislas. Déguisés, souvent les chefs ont également participé aux combats singuliers.

Un jour, le Prince Ladislas, déguisé en simple soldat, s'approcha du château fort. A l'intérieur, le roi Salomon se déguisa et s'arma en même temps, et en sortit à cheval. Ni l'un, ni l'autre ne put se douter de l'identité de son assaillant. La garnison se mit sur les murailles afin de regarder de près le duel, car les soldats étaient tellement sûrs de la victoire du roi Salomon.

Quand Salomon s'approcha de Ladislas, il porta la main à ses yeux et il eut un mouvement de recul. Il vit voleter au-dessus de la tête du Prince Ladislas deux anges qui le menacèrent du sabre chauffé au rouge.

Salomon en fut tellement effrayé qu'il se mit à courir, et se réfugia dans le château fort.

Ses soldats lui demandèrent avec stupéfaction:

«Seigneur, en général trois ou quatre soldats ne sont pas capables de te faire peur! Maintenant tu as pris la fuite devant un seul?»

Salomon répondit en haletant de la frayeur:

«Je n'ai jamais fui un seul homme, mais lui, il n'est pas un homme puisque ce sont des sabres chauffés au rouge qui le protègent.»