vendredi 17 avril 2015

Le roi Mathias et le poirier sauvage



Source de l'image: szcsa.hu
Il y avait deux villages voisins:l’un était plus petit que l’autre. A la limite de ces deux, il y avait un poirier sauvage qui était un motif de discussions permanentes entre les villageois. Ils étaient incapables de se mettre d’accord au sujet de cet arbre.
Le juge du village le plus petit eut l’idée d’aller voir le roi Mathias et de lui demander de départager les deux villages. Il lui apporta une gourde de vin et une bouteille de vinaigre fait avec les fruits du poirier sauvage. Il demanda au roi de rendre l’arbre à son village. Après avoir écouté attentivement les paroles du juge, le roi lui posa cette question:

«Au fait, comment est-il le jus de ce poirier? Doux ou acide?
- Il est acide, répondit le juge.
- Alors, j’irai le voir quand il donnera des fruits», dit le roi Mathias.

Le roi offrit un perroquet au juge et le laissa partir.

Quand le juge de l’autre village apprit la nouvelle de cette visite, il décida d’aller, lui aussi au palais royal. Il apporta un petit tonneau de vin et une bouteille de vinaigre fait avec les fruits du poirier sauvage. Le juge demanda au roi de donner le poirier à son village. Après avoir écouté attentivement les paroles du juge, le roi lui posa cette question:

«Au fait, comment est-il le jus de ce poirier? Doux ou acide?
- Doux, répondit le juge
- Alors, j’irai le voir quand il donnera des fruits», dit le roi Mathias.

Le roi offrit un Sarrasin au juge et le laissa partir.

Quand le juge rentra à la maison, les habitants de l’autre village se disaient entre eux:
«Oh, l’autre village a eu un plus beau cadeau que le nôtre!»

Mais ils se consolèrent dès qu’ils eurent demandé au Sarrasin ce qu’il voulait manger.
«Du citron, de l’orange et des figues», répondit il.
«Alors notre cadeau vaut quand même plus que celui du village voisin. Notre perroquet ne mange que des grains et par-dessus le marché, il sait parler», se dirent les habitants du plus petit village.

L’année suivante, quand les poires furent mûres, le roi alla jusqu’aux villages. Il convoqua autour du poirier les habitants des deux villages. Il demanda d’un ton ferme au juge du plus grand village de prendre une poire et de la goûter:

«Est-elle douce ou acide? » demanda le roi au juge.
«Douce!» répondit-il.

Ce fut le tour du juge de l’autre village:
«Est-elle douce ou acide?»
«Acide!» répondit-il.
«Tu as raison. Le poirier sauvage est à vous parce que vous dites la vérité. Les fruits d’un poirier sauvage ne peuvent jamais être doux, ils sont toujours acides. Alors, celui qui ne dit pas la vérité en parlant des petites choses, on ne peut pas le croire pour les grandes affaires non plus!» dit le roi Mathias.

Ainsi dona-t-il raison au juge du petit village qui disait la vérité.